Parfois, mes enfants ont besoin d’un coup de main pour avancer. Je vous raconte…
– Veux-tu jouer au soccer cet été ma fille ?
– Ouiiiii ! Et j’aimerais que tu sois ma maman coach.
– Toi mon grand ?
– Non, c’est pu ben ben ma passion le soccer !
– Quoi ? Pu ta passion ?
– Non, j’aime mieux jouer au hockey.
Mon mari poursuit en lui disant qu’il n’y avait pas de hockey l’été et que le mieux c’était de garder ses jambes en forment en jouant au soccer tout l’été. Rien de ce qu’on pouvait lui dire ne l’intéressait. Pour moi, ce refus cachait quelque chose. Quoi ? Je n’en savais rien encore. Je laisse passer du temps et je questionne de nouveau.
– Arthur tu veux pas jouer au soccer de tout l’été ? Tu es vraiment sérieux ? Tu as toujours adoré jouer.
– Je suis pas vraiment bon et je fais pas de passes.
– Quoi ? Pas vraiment bon !
Arthur a toujours eu une attitude de guerrier sur le terrain. Il adorait raconter en détailsss (avec plusieurs «s» parce qu’il y a toujours beaucoup de détails) t’sé même avec les gestes tous les buts et les moments marquants de son match. «As-tu vu ça, j’ai reçu le ballon sur la jambe et j’ai botté vers William qui a…..» C’était vraiment pas normal de l’entendre maintenant parler du soccer en évoquant que des craintes et en se dévalorisant. La journée où j’ai inscrit Alice, je lui ai dit que je l’avais inscrit lui aussi. Il était enragé. «Pourquoi tu m’as inscrit ? Je t’ai dit que je n’irai pas!» Je testais. Ok, c’est pas super correct, mais je voulais entendre la vraie de vraie raison qui le poussait à éviter le soccer cet été. Puis, je lui ai dit que je ne l’avais pas vraiment inscrit, mais que j’étais convaincue qu’il ne me disait pas la vraie raison de son refus. J’ai finalement entendu sa plus grande peur sortir à propos du soccer cette année «U9 c’est là que tu joues toujours des parties à plein de places pis que les autres joueurs sont forts». OK! Je comprenais mieux, c’était vraiment une peur. Une peur de l’inconnu, du défi, d’être moins bon, d’une première fois… Peur d’un peu tout ça. Nous l’avons rassuré du mieux que nous pouvions, mais il restait sur sa position. Il n’en était pas question.
J’ai ressassé ça dans tous les sens, je n’arrivais pas à clore le dossier. Si je le laissais faire, je le laissais faillir devant ses peurs. Si je l’inscrivais de force, je risquais de perdre sa confiance. Sa confiance c’est comme le fil le plus solide de notre lien mère-fils. J’y tiens. Quel dilemme ! Après un bref cocus parental, nous avons décidé de l’inscrire pareil. Chaque fois que je pensais à lui cet été, je le voyais heureux de passer l’été sur un terrain de soccer avec ses amis et ses nouveaux amis. Je me suis dit qu’il devait être devant une montagne et qu’il avait besoin de nous pour la monter.
Le soir de sa première pratique, je l’ai senti fébrile. Pour l’aider à apprivoiser le nouveau terrain son père l’a apporté d’avance et ça lui a donné le temps de se préparer sans stress. Quand il a vu un copain de l’école sur le terrain, il est parti en trombe. Il était déjà comme un poisson dans l’eau. À son arrivé à la maison, j’étais un peu inquiète. Je l’attendais à la porte d’entrée et je l’ai regardé jusqu’à ce qu’il me dise comment ça c’était passé. J’avais les larmes aux yeux. «Maman ! C’était la plus belle soirée de ma vie.» Quel soulagement ! Il a tenté de me faire croire qu’il avait détesté, mais son sourire cachait sa joie. Dire que j’aurais pu le laisser passer à côté de ça si je l’avais écouté.