La culpabilité, c’est un sentiment universel. Un sentiment avec lequel tu vas fatalement faire connaissance au moment où tu deviens parent. La culpabilité selon Wikipédia est une émotion causée par la transgression d’une norme morale. Ouin, t’sé quand t’as pas eu le comportement du parent idéal selon ta «Bible du parent 101», celle composée de tes valeurs parentales. Ça rend fort devenir parent qu’on se le dise. On affronte des situations inimaginables tous les jours. On est testé, oui testé! Et la fatalité quand on est parent c’est de devoir se l’avouer. S’avouer que tôt ou tard dans la journée, il y en aura un qui va «péter sa coche» comme mon fils de 4 ans m’a déjà dit. Oui, ça va arriver; une chicane, un accident, un NON! Et ça va complètement envoyer le planning de ta journée en l’air parce que tu vas intervenir. Ces scènes de chaos qui interpellent le meilleur de toi pour intervenir avec bienveillance vont peut-être plutôt réveiller le pire de toi et inévitablement te faire sentir COUPABLE! Et ça fait mal, mal à ton coeur de mère, mal à ton coeur de père. Le problème avec la culpabilité c’est le chemin vers lequel elle t’appelle. T’sé le chemin sombre de la colère, de la violence qu’on se fait à soi-même et qui développe malgré nous une bien mauvaise estime de nous en tant que parent, une bien mauvaise image de nous comme mère, comme père et qui nous fait parfois baisser les bras parce que de toute évidence, nous n’y arriverons juste pas. Ça fait mal de voir qu’on est pas aussi patient qu’on le voudrait, pas aussi calme qu’on le pourrait et qu’au final on finisse même par percevoir notre enfant négativement. On fini à tord par penser qu’il est le seul problème dans l’équation alors qu’il n’y a que nous à blâmer de ne pas avoir remuer bienveillance et patience en nous. Ça devient un cercle sans fin qui remue culpabilité, colère et impuissance. NONONONNON! Je n’ai pas choisi de fonder une famille pour être frustrée et pour me sentir coupable le reste de ma vie.
Toi aussi ça t’es arrivé? Merci de me le dire, je pensais être la seule…
Oui, toi aussi la fois où tu as été en colère contre ton adorable enfant parce qu’il avait encore renversé son lait sur la table, qu’il en a mis plein sur lui pis que tu as dû le changer avant de partir pressé. Ouin, la culpabilité t’as suivi jusqu’au travail et tu t’es demandé comment ça se faisait que t’étais à pic de même. CULPABILITÉ!
Pis aussi juste après que tu sois passé devant ton nouveau bureau blanc et que tu as découvert un beau dessin fait avec un crayon permanent NOIR. Là, t’as pogné les nerfs pis t’as regretté quand t’as vu que ça partait presque tout seul avec du Hertel crème. Tu t’es senti vraiment mal et tu t’es demandé comment ça t’as pété les plombs de même. T’as même essayé de te justifier en te disant que tu leur avais déjà dit de ne pas écrire sur les meubles. CULPABILITÉ!
T’as eu de la misère à décrocher la fois où tu n’étais pas là au spectacle de ta fille. Pis aussi la fois où t’as raté la période d’inscription de danse et que son groupe était complet. Ta fille a été obligé de changer de groupes d’amis. Tu t’es accusé de lui avoir causé un traumatisme social. CULPABILITÉ!
Tu as aussi craqué quand tu t’es fâché après ton fils et que tu as vu tranquillement monté en lui la tristesse. Tu as vu sa tite babine trembler et ses yeux se remplir d’eau avant de pleurer à chaudes larmes la tête vers le ciel. CULPABILITÉ!
Et là fois où ta fille est partie en pleurant en autobus parce qu’elle ne voulait pas faire son lit et que tu as insisté. Elle t’a trouvé dure et tu t’es remis en question parce que tu l’as vu pleurer. CULPABILITÉ!
Pis aussi la fois où ton fils avais tout le temps le goût de te raconter quelque chose, mais t’étais trop occupé avec des amis pour l’écouter. En plus ça faisait déjà 5 fois qu’il te coupait la parole. Là, tu lui as dit d’ARRÊTER de te déranger sinon… Et tu t’es senti cheap en TA. Pis tu as dit «Coudon, pas moyen de passer un souper entre amis sans se faire dire maman ou papa aux deux minutes.» Et t’as essayer de trouver quelqu’un qui pensait comme toi pour te justifier ou te sentir moins mal. CULPABILITÉ!
Comment on se sort de cette culpabilité sans fin?
On est humain. J’ai l’impression que je vais toujours naviguer entre fierté et déception. Que je vais traverser des tempêtes et naviguer en me laissant porter par le courant. La vie c’est un cycle avec ses hauts et ses bas. Plus j’apprends à me connaître, plus je peux réagir différemment. Je sais que je vivrai encore de la culpabilité et je ne la vois pas comme une ennemie. Je m’en fais tranquillement une amie. Et avec cette amie la Culpabilité je jase. On fait ensemble certaines réflexions. Là, tu me trouves bizarre. Je te comprends. La vie pour moi, c’est une chaîne sans fin d’apprentissages et l’utilité de mon amie la Culpabilité, c’est certainement de découvrir ce qu’elle veut me dire.
Admettons que je reprenne là fois où ma fille est partie en pleurant parce qu’elle ne voulait pas faire son lit et que j’ai insisté. Elle m’a trouvé dure et je me suis remise en question parce que je me sentais coupable de l’avoir fait pleurer. À ce moment, je peux plonger dans les remords, l’inquiétude de la voir partir triste et fâchée contre moi. Je pourrais avoir le goût de changer mes règles de la maison pour ne plus la faire pleurer, mais j’irais contre mes valeurs. C’est déchirant et je pourrais me tourmenter longtemps.
Je pourrais aussi me demander qu’est-ce que mon amie la Culpabilité voulait me dire ? Qu’elle était son intention positive pour moi ? Et si ma Culpabilité voulait me dire que j’avais raison de tenir mon bout même si c’est difficile pour ma fille. Que je n’aime pas voir ma fille pleurer même quand c’est pour son bien et c’est correct. Peut-être que ça me donnerait le goût de lui expliquer pourquoi c’est important pour moi qu’elle fasse son lit le matin. Et si, ma Culpabilité voulait me signifier que ma fille était fatiguée. Peut-être que sur le coup, je lui aurais promis un moment de détente ce soir pour la féliciter de faire son lit quand même ou que je l’aurais aidé un peu en le faisant avec elle.
Reconnaître la culpabilité comme une amie qui veut me dire quelque chose plutôt que de plonger dans les tourments, c’est ça qui me fait avancer. Quand je sens que mon amie la Culpabilité est là, je m’en sers comme d’un repère pour me demander qu’est-ce que je dois en comprendre. Ensuite, je prends position. Dans cette vision, je prends conscience de mes responsabilités et j’apprends à mieux réagir sans tomber dans les remords, les tourments, la dévalorisation parce que je ne suis pas parfaite. De cette façon, je m’améliore continuellement. Sans pression, sans remord je prends mes responsabilités. Si je sens que j’ai des excuses à demander parce que j’ai mal réagi, je prends le temps de m’excuser et de demander pardon à mes enfants. Je prends le temps de m’expliquer et je prends le temps de dire à mes enfants quelles sont mes attentes envers eux à l’avenir. La culpabilité est mon amie. Elle m’aide à utiliser le meilleur de moi-même. Si je sens qu’elle devient mon ennemie parce qu’elle m’entraîne dans mes coins sombres, je me demande ce que je dois tirer comme leçon. Et la vie continue!
J’ai rédigé un exercise pour toi : Apprendre de sa culpabilité.
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Canal vie: Quand maman rime avec culpabilité
Psychologies : Parents : Mode d’emploi anti-culpabilité
Stéphanie Dionne
Formatrice et Maître-praticienne certifiée PNL
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