Un peu plus tôt cet été, je suis tombée sur cet article de TPL Moms «Et si on revoyait nos manières de promouvoir l’allaitement?»
Ça m’a donné le goût de vous parler de mon expérience magnifique et tout autant difficile et déchirante de l’allaitement. J’ai tellement aimé l’idée d’allaiter qu’il n’y avait pas d’autres options pour moi. Je croyais avoir eu tous les conseils nécessaires pour m’en sortir et avoir eu les explications complètes sur le sujet. Erreur. Grave erreur. Ceci dit, un cours sur l’allaitement c’est pas de trop pour s’y préparer. J’ai voulu mordre pour ne pas dire tuer quelqu’un lors de ma montée laiteuse. Personne ne m’avait dit que ça pouvait faire aussi mal. Entre accoucher et vivre la montée laiteuse, j’accouche trois fois par semaine pour éviter une montée laiteuse. J’ai eu du mal à partir l’allaitement, mais l’infirmière qui s’occupait de moi a tout simplement été formidable. Elle m’a aidé aussi longtemps qu’il le fallait pour que mon fils ait la bonne position au sein. J’ai tout de même été blessé au sang, outch!. J’étais toujours mouillée parce que j’avais un jet d’enfer ! J’utilisais le «Milk saver» pour m’aider à récupérer ce lait qui fusait de toute part. Sérieux c’est drôle d’y repenser parce qu’avant de savoir que quelque chose existait pour gérer ce débordement, je tenais durant plusieurs minutes un contenant sous mon autre sein pour récupérer ce nectar de vie si précieux. Il faut être fait fort quand même pour voir sa femme dénudée dans le salon nourrir son fils d’un sein et tenir un petit contenant sous l’autre pour récolter cette sève. Rien pour l’attiser je vous jure. Parce que c’est probablement loin, très loin du sexy. J’ai eu deux mastites dans les 3 premiers mois de sa naissance dont une qui m’a conduite à l’urgence pour y fêter mes 28 ans. J’ai reçu des fleurs de ma mère sur ma civière 🙂 ALLERGIE aux antibios qu’on m’avait donné pour traiter la mastite. Dire qu’ensuite, on m’a conseillé de traiter une mastite avec du repos, des massages (…sur le sein malade) et l’aide de mon fils (pour boire et désengorger le sein malade). J’ai soigné les 3 ou 4 suivantes de cette façon. J’avais une fierté incommensurable de participer au Défi allaitement Québec. Malgré toutes les difficultés que j’ai vécu, j’ai allaité plus de 10 mois et je suis restée marqué par un sentiment d’accomplissement fou. T’sé le sentiment d’avoir fait ce qu’il fallait et que tu pouvais en être fière parce que j’étais devenue une mère, une bonne mère.
À ma fille, je n’avais aucune raison de penser que ça pouvait être différent. Je pensais finalement avoir tout vécu ce qu’on ne m’avait pas raconté. Je pensais qu’à ma fille, je maîtriserais la chose. Je pensais même que ça aurait dû être plus facile. J’ai eu mal encore et j’ai eu une montée laiteuse déficiente, je vais le dire de même. À mon retour à la maison, j’ai trouvé ça difficile. Fatigue doublé d’un fils de 3 ans que je ne voulais surtout pas négliger – Être une bonne mère exige d’être présente. Ma fille prenait peu de poids. On m’a dit tellement plein de choses. «Ta fille est faite de même, petite !» «Mets-la plus souvent au sein !» J’ai décidé de consulter: CLSC, Groupe d’entraide d’allaitement, Pédiatre. Pis tous ces rdv n’aidaient en rien à la fatigue persistante que je vivais. J’ai dû avoir plus de 10 rencontres de suivis sur moins d’un mois avec 3 intervenants différents et PAS UN ne m’a orienté vers le biberon et le lait maternisé. Pis la journée de ma fête de 30 ans, j’ai dû avoir ma fille au sein toute la soirée ! Une vraie joke. Je ne peux pas croire que j’ai passé ma soirée de fête avec ma fille au sein. Enfin ! Mes amies étaient là et elles m’ont rappelé l’essentiel. Être mère ou être une bonne mère ce n’est pas lié au fait d’allaiter ou non. C’est de trouver ses solutions pour répondre au besoin de notre enfant. Pis à ce moment là, ma fille avait faim ! Ce soir là, j’ai décongelé du lait que j’avais réussi de peine et de misère à me tirer (pour tenter d’augmenter ma montée laiteuse) et elle a calé un 6 onzes «dret net de même». Elle ne s’est pas fait prier pour prendre la bouteille, je vous le jure. Ensuite, j’ai commencé à prendre un médicament pour augmenter mes montées laiteuses (aujourd’hui, je ne le recommanderais pas, mais je ne suis pas médecin) et j’ai fait de l’allaitement mixte. Matin et soir au sein et le jour lait maternisé. Je pensais avoir trouvé l’équilibre. J’ai commencé à revoir ma façon de concevoir mon rôle de mère, mais j’ai du me battre avec la culpabilité d’avoir affamée ma fille pendant quasiment un mois le temps de tout essayer pour l’allaiter. J’en soupire encore.
Alors, est-ce que je pense qu’on pourrait revoir notre manière de promouvoir l’allaitement ? OUI ! En guidant les mères selon ce qu’elles veulent/peuvent pour nourrir leur bébé. Parfois, c’est un choix personnel, parfois c’est physique on y peut rien, parfois c’est bébé qui n’y arrive pas et puis alors…
À mon troisième, j’ai quand même eu une peur monstre de ne pas pouvoir allaiter. Comme quoi, même après plus de deux ans j’en étais encore marquée. Je me souviens en avoir pleuré.
Si aujourd’hui une nouvelle mère me dit qu’elle n’allaite pas, j’ai le goût de savoir comment elle vit ça. Est-ce que c’est sa décision ? Ou bien a-t-elle été contrainte pour différentes raisons de ne pas allaiter ? Ça c’est une chose, mais est-ce qu’elle en est affectée, triste ou elle se sent coupable ? Peu importe les raisons qui font qu’elle n’allaite pas, si elle se sent bien, je suis heureuse pour elle. Si elle s’en veut avec ça, j’ai le goût de lui dire : «Tu es une mère extraordinaire que tu allaites ou non, tu le savais ? Tu es simplement à l’écoute de ton enfant et tu réponds de ton mieux à son besoin avec amour et bienveillance c’est tout ce qui compte. Le reste, ça peut d’envoler avec toutes nos aspirations de mère parfaite !» Vas voir Mère indigne au cinéma ça va te remettre sur le piton !